Le Lonely Planet était catégorique : "Marmaris est l'un des rares lieux de la côte dont on risque de partir plus stressé qu'à l'arrivée" ! Grosse préparation mentale donc en quittant Rhodes afin de faire face aux inévitables montées de stress sensées nous attendre à Marmaris... pour y découvrir une baie magnifique et une ville active et commerçante, délaissée en hiver par les touristes !
Même en faisant un effort, on a pas trouvé matière à stresser... Ça nous conforte dans l'idée qu'on profite de la meilleure saison pour découvrir la Turquie, et si les possibilités de baignade sont encore limitées on privilégie les virées en vélo et balades dans les sites antiques, qui n'ont rien à envier à la Grèce et qu'on a pour nous tout seuls !
Bon, on a beau ne pas être stressés, il faut pas traîner... Le visa étant limité à 90 jours, on a déjà à faire un choix parmi les innombrables mouillages des péninsules de Bozburun et de Datça qui s'avancent entre les îles grecques du Dodécanèse...
Chienne de vie...
Marmaris, loin de l'image de destination touristique qu'on s'en fait : ses 30 000 habitants accueillerait plusieurs centaines de milliers de touristes en été... on veut bien le croire mais on a du mal à s'imaginer...
Mouillage au milieu des pâturages et amandiers en fleur dans la profonde crique de Serçe Limani, abritée de tous les vents. Toute la côte regorge de mouillages bien protégés...
... et quand les profondeurs sont trop importantes pour mouiller on trouve en général au fond des criques un ponton de restaurant, fermé en cette saison mais où on arrive parfois à se faire offrir le repas et l'inévitable çai (thé noir) par le gardien ! En dernier recours, les quais et pontons municipaux sont bons marchés, même si on s'y sent parfois tout petit !! Les "marinas" sont elles luxueuses... et hors de prix, on essayera même pas !
De jolies nav' le long des péninsules de Bozburun et Datça... et enfin la première prise de l'année ! On avait minutieusement préparé notre entrée dans les eaux turques en achetant le pavillon de courtoisie chez un shipchandler de Kalymnos... avant de s'apercevoir une fois arrivés au bateau que c'était un pavillon chinois ! Le vendeur était hilare quand ils nous a vu revenir penauds pour l'échanger... Lui ne voyait pas trop ce qu'on voulait en faire, nous on a toujours pas compris pourquoi il avait un pavillon chinois en stock ! Pas sûr que les coastguards turcs aient apprécié...
On retrouve en Turquie le plaisir des mouillages forains, qu'on avait un peu délaissés cet hiver en Grèce à cause des températures... et des ports gratuits ! Que ce soit au fond d'une crique sauvage où devant la plage municipale comme ici à Datça, ça a plus de gueule qu'être au port ! Même si le débarquement des vélos en kayak est un peu acrobatique...
Le site antique de Cnide, une des six cités prospères de la Confédération Dorienne. Mouillage magique au pied des ruines...
La ville branchée et fêtarde de Bodrum, et son chateau qui abrite la référence des musées d'archéologie sous-marine. On le comprend mieux quand on se promène ou qu'on met la tête sous l'eau : toute la côte regorge de fragments d'amphores, pierres taillées, mosaïques, poteries... On se prend à jouer les Indiana Jones... en gardant à l'esprit que ça peut vite se finir en Midnight Express !
Contrastes ! Grillades à Datça et bar lounge à Bodrum, mini-jupe à Marmaris et complet foulard-sabot-canne dans les terres, littoral vierge et bétonnage massif autour de Bodrum... Pas mal de préjugés et de déçus chez les plaisanciers rencontrés en Grèce au sujet de la Turquie : c'est vrai que si ici tout a un prix (droit d'entrée, intermédiaire, ports, eau, électricité, taxes...), que le commerce est roi, et qu'en ville les sollicitations des restaurateurs et commerçants peuvent fausser un peu les relations, l'hospitalité turque n'est pas une légende... le port des moustaches non plus !!!